citations
« La poésie est force de vie, élan de liberté. La poésie comme la vie, c'est la fraîcheur de ce qui n'existe pas
ou pas encore, c'est l'aventure de la nouveauté, de l'insurrection contre tout statut quo » Extrait de la postface
de l'auteur, in L'Oseille les citrons
« [...] la poésie m’a aidé à survivre. Ce n’est pas là une affirmation légère. Et elle me fait tenir encore; elle me construit et me reconstruit sans cesse. Elle approfondit mon expérience, me donne des yeux, des sens, à chaque coup nouveau.
Elle garde vive en moi l’exigence de beauté, de liberté et de justice, tout l’incendie intérieure nécessaire, toute la jeunesse d’âme ».
Extrait de l' Entretien de Tanella Boni avec Maxime N'Debeka ,mars 2015, Africulture.com
podcast
Revue de presse
Poème du jour
Entre tes yeux et toi
Quand je plonge mes yeux dans les tiens
Je vois l’aube profonde
Je vois l’hier ancien
Je vois ce que j’ignore
Et je sens que passe l’univers
Entre tes yeux et moi
Adonis
Le détail des choses
L’harmattan n’ignore pas le détail des choses
Il se lie d’amitié avec la peau des humains
Il fait corps avec la mer au lever du jour
Vient-il du Nord ou du Sud
Le vent sec et froid ne souffle pas
Il cohabite avec le temps des saisons
Il ne déclare pas ses origines
Il diffuse en fines poussières les mots et les prières
Qui s’élèvent en spirale des rumeurs de la ville
Il a fallu que le pays se sépare en mille branches
Que la fraternité espérée retombe en miettes
Que la terre nourricière oublie herbes et rhizomes
Que les mots vides s’emparent des rayons du Soleil
Depuis la première floraison des armes
L’harmattan mémorise le détail de nos blessures
Un coup de feu dans l’eau dormante a suffi
Pour ouvrir les vannes du fleuve de la haine
L’harmattan consigne les mots de sable
Sur le tableau des saisons meurtrières
Il nous rappelle les faux départs
Les chants guerriers des belles arrivées
Il roule parmi ses fines poussières
La clé des origines qui rompt les liens
Seul un vent saisonnier saisit la valeur de l’eau
Le sel des liens et les mots du partage
(Décembre 2010)
de Tanella Boni
À l’Afrique
Flèche figée en ma mémoire
Afrique
Mon cœur saigne
Sous tes serres depuis l’extrême sud
De mon âme
Reçois
Mes pas sur tes pagnes
Moi l’Héritier des Ancêtres
D’Hier
Afrique
Les toits de tes cases
Griffent le ciel sourd
À l’anxiété de leur misère
Ma prière du matin du soir
Ah puiser à pleines mains
L’odeur des manguiers
Dans la tiédeur de juin
Sentir le baiser des épis
Sur les sentiers d’octobre
Rouler dans l’eau claire
Rien dans le regard
De Kaïrée
Ô mère des Initiés
de
Cheik Aliou Ndao
Vous savez
Dans ce pays
Où tout est maigre
Jusqu'à l'essentiel
Dans ce pays
Sous le ciel le plus ciel
Du monde
Ce n'est pas la balle ni la bombe
Ni la faim ni la mort
Qui nous tuent
Sous le ciel le plus ciel du monde
Ce n'est pas la peste ni le palu
Ni le sort qui nous tuent
Ce sont les foudres d' espoir
Tout ce que dans le blond sucre de canne
On mange d'espoir-
Sony Lab'ou Tansi
Souffles [extrait]
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop
Car du geste qui ne s'entend ni ne s'écrit
n'est-il pas juste de dire qu'il est
pensée qui s'éffile dans l'air
propos qui cogne le vide
ombre portée du néant...
A devancer le mot
l'épouser s'entremettre
il s'impose en ses retombées
On l'oublie c'est la toile qu'il crève
Chétif maladroit il désoblige
dessert la cause que j'entends
Démonstratif parfois
la faute au sud si tu gesticules
veux-tu bien le retenir ce bras !
Il m'appartient en propre
à mon répertoire je l'emprunte
le surjoue au besoin l'interromps savamment
D'un doigt on conduira tout l'orchestre
et aux étoupes mettant le feu
on rendra plausible l'histoire-infidèle l'amant
Car d'un signe au ciel
qui sait ce que je sais
fera la pluie et le beau temps
Il est une signature
qu'on paraphe ou rature
Son luxe son parfum
aux quatre vents on sème
quand d'aventure
la main d'elle-même s'éprend
Brève de main
in Gestuaire de Sylvie Kande
La muette exubérance
en tourbillon de fleur
où le temps se dévoile
à vitesse de blessure.
Amour brûlé d'envie
un frémissement de chair
un frisson de silence
L'effervescence du rêve
illumine le voyage
la sève de l'utopie
dissolvant le cauchemar
Frankétienne
jeunesse
Pour inciter le jeune public à découvrir la production poétique Africaine et ses auteurs, nous vous proposons une sélection de livres destinés à la jeunesse.