Journal quotidien : 21 septembre-26 avril 1899...
Livre
Edité par Editions Claire Paulhan. [Paris] - 2015
C’est le 21 septembre 1898, jour de ses 31 ans, qu’il commence son Journal (il le tiendra jusqu’à sa mort, le 6 novembre 1933), dans lequel il s’est juré « de tout confesser, ingénument comme un faune ou satyre ou un cynocéphale qui aurait le don humain d’écrire et de parler». L’Affaire Dreyfus «l’interminable, l’emmerdante affaire» étendue aux intellectuels depuis le retentissant «J’accuse» de Zola, dans L’Aurore du 13 janvier 1898, fait toujours la une. Jehan-Rictus a d’ailleurs été un des premiers signataires de la demande de révision, publiée le lendemain. Lecteur forcené de journaux, il a cependant du mal à se faire une opinion sur le capitaine Dreyfus?: «Si cet homme est innocent, je crois que jamais au monde depuis qu’il y a mémoire humaine, on aura vu quelque chose d’aussi formidable comme malheur, comme infamies autour de lui.». Anarchiste avant tout, il concède qu’au-delà de cette «querelle de bourgeois», il aimerait mieux «qu’il fût innocent parce qu’alors ça flanquerait un coup terrible au prestige de l’Armée et des gens capables d’avoir commis une pareille gaffe devraient être guillotinés et on n’aura plus du tout confiance dans une semblable justice»...