parole contraire (La)
Livre
Edité par Gallimard. [Paris] - DL 2014
Je revendique le droit d'utiliser le verbe saboter selon le bon vouloir de la langue italienne. Son emploi ne se réduit pas au sens de dégradation matérielle, comme le prétendent les procureurs de cette affaire. Par exemple : une grève, en particulier de type sauvage, sans préavis, sabote la production d'un établissement ou d'un service. Un soldat qui exécute mal un ordre le sabote. Un obstructionnisme parlementaire contre un projet de loi le sabote. Les négligences, volontaires ou non, sabotent. L'accusation portée contre moi sabote mon droit constitutionnel de parole contraire. Le verbe saboter a une très large application dans le sens figuré et coïncide avec le sens d'entraver. Les procureurs exigent que le verbe saboter ait un seul sens. Au nom de la langue italienne et de la raison, je refuse la limitation de sens. Il suffisait de consulter le dictionnaire pour archiver la plainte sans queue ni tête d'une société étrangère. J'accepte volontiers une condamnation pénale, mais pas une réduction de vocabulaire.
Avis des lecteurs
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Expression libre
Inculpé pour "incitation publique à la délinquance", Erri de Luca questionne, par ce court pamphlet, la liberté de parole aujourd'hui et invoque une responsabilité sociale d'écrivain, un devoir de parole contraire. Texte vivifiant qui questionne, avec intelligence et humanité, notre époque et la capacité des sphères intellectuelles et artistiques à se mobiliser au nom des "sans voix". Merci Monsieur !
par EMAILL Le 22 mai 2015 à 14:06