Soleils chauves
Livre
Edité par Arfuyen - 2012
Dès le premier poème, cette fois encore, le ton est donné, d'un coup d'archet sûr et grinçant : « Mon corps / est recouvert de plumes // Mes bras pendent / comme des ailes cassées // Je crains l'obscurité -// Mon ombre est un messager / de l'enfer. » Notre terre familière, n'est plus le lieu de cette écriture. Je renaîtrai était comme une prophétie : la voici accomplie. Mais, pour autant, il ne s'agit certes pas ici d'une résurrection ni d'une métempsychose. C'est un espace infernal qui s'est ouvert, où nulle vie n'est stable, nulle mort assurée. Tout est en transition, en migration : « Mes rêves /ont peur des rêves // Mes rêves / sont sans échelles // Ils me réveillent / Vieillie / de plusieurs vies » Tout renaît, et tout est déjà vieilli. Tout disparaît, et tout est déjà repris : piégé, emprisonné : « Ma vie ici bas /est l'ombre / d'une dimension invisible // Je n'ai plus le temps / d'avoir le temps // J'ai survécu / à mon ange gardien // Je suis devenue moi / sans être moi ». Les poèmes d'Anise Koltz nous introduisent dans un savoir d'au-delà, douloureux, ancestral. Venu d'on ne sait quelle profondeur temporelle ou spirituelle : « Depuis des millénaires / les tares de nos ancêtres / renaissent dans notre sang // Notre fin se trouve /dans notre commencement » Comme si ces révélations surgissaient des affres de quelque transe chamanique...